Débourrer en halle |
La nouvelle politique exige des éleveurs de mettre sur le marché des chevaux prêts à l'emploi. Pour mieux travailler ses jeunes chevaux, Raymond Martin vient de faire construire une halle de débourrage à Penthaz. |
Les artisans de la halle de débourrage. De g. à dr. : l'architecte Éric Bonzon et sa femme, ainsi que Raymond et Carla Martin. |
Ce membre récent du comité de la FSOEC (Fédération suisse des organisateurs d'élevage chevalin), éleveur de longue date, gère une exploitation mixte (animaux et grandes cultures) comprenant une vingtaine de laitières, vingt-sept hectares et quinze chevaux, dont un tiers environ de pensionnaires. Ces dernières années, nous avons pu constater les difficultés, voire l'impossibilité qu'ont eue certains manèges à s'implanter en zone agricole. Rien de tel pour une halle de débourrage quand un agriculteur peut en justifier la nécessité : être propriétaire de la majorité des chevaux qu'il détient et élever lui-même ses poulains. La halle devient ainsi un outil de production conforme à la destination de la zone agricole (art. 81, al. 2 de la LATC). L'éleveur a fait appel à un architecte, Éric Bonzon, avec lequel nous avons fait le tour du propriétaire. La partie inférieure est en plots de ciment crépis et la partie supérieure en lames de sapin du pays imprégnées sous pression. La charpente est en lamellé-collé et la couverture en éternit... sans amiante, précise l'architecte. Les arches ont 19 m de portée et le faîte est à 7 m 50. Pour l'aération, on a prévu une faîtière ventilée et, pour une luminosité maximale, elle est en plus translucide. Quant à l'éclairage, on l'a voulu économique avec des lampes à vapeur de mercure, très décoratives. Les argumentsPour le sol, l'élément crucial pour les jambes des chevaux, le choix s'est porté sur un sable de quartz en provenance de France dont la densité supprime en grande partie l'élément poussière tant redouté. La couche de sable repose sur un fond de matière volcanique, ce qui en assure la souplesse nécessaire. La surface de travail mesure 25 m par 16 et le coût de l'ensemble a été devisé à 180 000 francs.
En paysan averti, Raymond Martin a fait ses comptes. Il préfère
voir débourrer ses jeunes chevaux chez lui et trouver
un cavalier ou une cavalière qui l'aide dans cette tâche,
plutôt que de confier ses sujets à l'extérieur. Que ce soit
pour deux ou trois mois pour la phase de débourrage ou
pendant une saison pour la mise en valeur du cheval en
compétition. Dans ce dernier cas, un professionnel exige
la plupart du temps que le cheval soit en pension chez lui.
Faites le calcul !
Une centaine de personnes étaient présentes lors de l'inauguration de la halle à la mi-avril. L'agriculteur a rendu hommage à sa femme, Carla. « Sans son dynamisme, a-t-il dit, rien n'aurait été possible. » Il a remercié chaleureusement son voisin, Jean-Pierre Mouquin, qui a accepté que la construction le touche de plus près que ne le prévoit la loi. Plusieurs paysans sont venus se rendre compte du bien-fondé de cette construction. Les commentaires allaient bon train autour d'un somptueux buffet campagnard.
« Mes enfants n'ont pas choisi l'agriculture, mais ils ne
la renient pas non plus et sont très présents ici »,
nous a confié Raymond Martin en nous présentant sa fille,
Sophie-Hélène, qui termine sa licence en lettres, et Pierre,
son fils, ingénieur mécanicien.
Les souchesLa clientèle des écuries de Penthaz est composée essentiellement de cavaliers qui donnent la préférence aux promenades à cheval. L'atmosphère n'est sans doute pas la même que lorsqu'on héberge des cavaliers de compétition. Il y a là notamment Barbara Walt, conservatrice du Musée du cheval de La Sarraz, et Frédéric Chevallay, ancien directeur des Établissements de la plaine de l'Orbe, l'homme qui avait introduit les chevaux à Bochuz. Nous ne faisons pas de publicité, les boxes sont complets. Raymond Martin me présente chacun de ses chevaux, à commencer par les quatre juments amenées à pouliner avant l'été. La doyenne, Deborah, 20 ans, par Arosa et Il s'en donne, a fait du saut jusqu'en catégorie M/1. Cachel (14 ans), par Gloum et Frédérick, a fait, elle, plutôt de la randonnée. Taniola, 5 ans, par Tanaël-du-Serein et Cardinal-Fleury, mettra au monde son premier poulain. Natanya, 4 ans, vient de donner naissance à Petra dont le géniteur est Sinclair. Fille de Lestroy et d'Arosa, Natanya a réussi son test en terrain. Si tout se passe bien, ça fera huit chevaux à nourrir en plus des sans-famille : Fleurine, une fille de Qui-Va-Là que l'éleveur monte personnellement, Brumeuse et Iena, les deux filles de Dubona, qui n'est pas portante cette année. Cette jument de 6 ans est fille de Cardinal-Fleury et d'Arosa. Reste le FM Perceval, un hongre au très bon caractère, et Petit-Perceval âgé de 1 an et fils de Palestro et de Deborah. Maître agriculteur, Raymond Martin forme des apprentis depuis vingt-deux ans. Dans sa commune de Penthaz, forte d'environ 1300 habitants, il a été membre du Conseil communal pendant vingt-huit ans et municipal de 1973 à 1977. Des fonctions qu'il a quittées quand il est entré au comité de la FSOEC l'an dernier à l'assemblée d'Aarau en remplacement de Philippe Pidoux. Sa tâche au sein du comité : les relations publiques en Suisse Romande et, à ce titre, il a assuré une certaine présence au stand de la FSOEC au dernier Comptoir Suisse à Lausanne en plus d'un exposé-débat sur l'élevage face aux nouveaux défis. Il y a deux mois, Raymond Martin a été élu au comité de la Fédération vaudoise des syndicats chevalins en remplacement de Daniel Henrioux. Un homme bien occupé. Terre & nature, 14 mai 1999,
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